Tout musicien est un voyageur en puissance.
Son oreille lui permet d’élargir l’horizon, d’embrasser le chant du monde.
Avant de rencontrer Astor Piazzolla à l’aube des années 80, Richard
Galliano n’était jamais allé en Argentine.
Les deux artistes n’ont pourtant pas mis longtemps à s’apprécier, à se
comprendre, jusqu’à devenir amis. Une amitié profonde, vraie, longue et sincère.
Comme s’ils avaient passé leur vie à marcher ensemble dans les rues de
Mar Del Plata, à respirer les humeurs de ces quatre saisons de Buenos
Aires qui ouvrent et ferment « Piazzolla Forever ».
Etait-ce le sang du sud de l’Italie qui les rapprochait ? Une même façon
de mêler jazz et musique classique ? Ou bien tout simplement l’amour
de la vie ? Piazzolla avait reçu de Nadia Boulanger un précieux cadeau
en forme de conseil qu’il offrit à son tour à Galliano :
« Un musicien doit jouer la musique de sa terre. »
Pour ce spectacle , Richard Galliano s’est souvenu qu’Astor Piazzolla
pouvait bousculer le rythme binaire du tango populaire. Qu’il n’avait
jamais oublié l’émerveillement de son enfance new-yorkaise quand il
écoutait au Cotton Club Ellington ou Calloway.
Que derrière la musique de Piazzolla, on pouvait entendre des phrases
mélodiques de Jean-Sébastien Bach.
Avec Galliano-Piazzolla, pas de lamentation. Le mièvre, le mielleux n’ont
rien à y faire. C’est une musique de souffrance, de joie et de colère qui
doit se jouer « con rabia », avec rage. Une musique de vie et de mort.
Pour cette aventure Richard Galliano a rassemblé des musiciens de
grand talent comme Bertrand Cervera : violon solo à l’Orchestre National
de France, et les argentins Daniele « Pipi » Piazzolla à la batterie (petit-
fils d’Astor),Nicolas Guersberg au piano et Mariano Sivori à la
contrebasse .
Ils jouent ces compositions avec une grande précision
mais aussi une ferveur, des transes mélancoliques étirées jusqu’à
l’improvisation.
La preuve est faite, s’il en était besoin : Astor Piazzolla est un des
grands musiciens du siècle, il se situe dans le sillage des maîtres cités
en exemple par Nadia Boulanger, Gershwin, Bartok, Stravinski, ceux qui,
en mariant musique populaire et concertante, ont dépassé leur époque
et leurs frontières.
« Piazzolla Forever » est un « tribute ». Richard Galliano y a mis tout son
talent d’interprète, d’orchestrateur, de compositeur, tout l’amour et la
reconnaissance qu’il porte à son ami Astor.
Un projet phare qui marque le centenaire de la naissance d’ Astor
Piazzolla .